Logo UFR PHILLIA

Fonctionnement budgétaire et comptable d'une université française

Introduction

Cette fiche technique présente les grands principes du fonctionnement budgétaire et comptable des universités françaises.

I. Cadre juridique et réglementaire

1.1 Les textes fondamentaux

Le fonctionnement financier des universités françaises repose sur plusieurs textes législatifs et réglementaires clés :

1.2 Le statut financier des universités

Les universités sont classées comme EPSCP (Établissements Publics à caractère Scientifique, Culturel et Professionnel). Ce statut particulier leur confère :

II. Organisation financière de l'université

2.1 Les acteurs clés

Le fonctionnement financier d'une université repose sur plusieurs acteurs qui jouent des rôles complémentaires :

2.2 Séparation des fonctions

La séparation entre l'ordonnateur et le comptable est un principe fondamental des finances publiques françaises qui s'applique pleinement aux universités. Cette séparation constitue une sécurité dans la gestion des deniers publics.

Cette organisation à double niveau constitue une garantie contre les erreurs ou les fraudes. Si l'Agent Comptable constate une irrégularité, il doit suspendre le paiement et en informer l'ordonnateur. Ce n'est qu'en cas d'ordre de réquisition écrit (procédure exceptionnelle) qu'il peut être contraint de payer malgré ses réserves.

III. Le budget de l'université

3.1 Principes budgétaires

Le budget d'une université obéit à plusieurs principes fondamentaux qui encadrent son élaboration et son exécution :

3.2 Structure du budget

Le budget d'une université se compose de plusieurs éléments :

3.3 Présentation du budget

Le budget se présente selon trois dimensions complémentaires qui permettent d'analyser l'activité financière sous différents angles :

Ces trois dimensions sont croisées dans les tableaux budgétaires, offrant une vision complète et multidimensionnelle des finances de l'établissement.

IV. Les ressources financières

4.1 Subvention pour charges de service public (SCSP)

La SCSP constitue la principale ressource des universités, représentant généralement 70 à 80% de leurs recettes. Cette subvention est versée par le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche pour financer les missions de service public confiées aux établissements.

Le calcul de cette subvention repose sur un modèle d'allocation des moyens qui a évolué au fil du temps. Le modèle SYMPA (Système de répartition des Moyens à la Performance et à l'Activité), puis plus récemment le dialogue stratégique de gestion (DIALOG), prennent en compte plusieurs critères :

La SCSP inclut désormais la masse salariale des titulaires et contractuels sur budget État, ce qui explique son importance relative dans le budget. Elle est versée mensuellement par douzièmes et fait l'objet d'une notification formelle en début d'année.

4.2 Ressources propres

Les universités disposent de plusieurs sources de ressources propres qui viennent compléter la subvention d'État et qui sont essentielles pour leur développement :

La diversification des ressources est un enjeu stratégique pour les universités qui cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis du financement étatique et à développer des marges de manœuvre financières.

V. L'exécution budgétaire

5.1 Cycle de la dépense

L'exécution d'une dépense suit un processus formalisé en quatre étapes principales :

Ce processus garantit la régularité des opérations et permet une traçabilité complète de la dépense, depuis la décision d'achat jusqu'au paiement effectif.

5.2 Cycle de la recette

L'exécution d'une recette suit également un processus formalisé en quatre étapes :

La gestion efficace des recettes est cruciale pour la trésorerie de l'université. Un suivi rigoureux des échéances et des procédures de relance adaptées permettent d'optimiser le taux et les délais de recouvrement.

VI. La comptabilité

6.1 Types de comptabilité

Les universités tiennent trois types de comptabilité, complémentaires mais répondant à des objectifs différents :

Ces trois comptabilités sont articulées dans le système d'information financier (généralement SIFAC) qui assure la cohérence des données et facilite les opérations de rapprochement et de contrôle.

6.2 Documents comptables

Plusieurs documents comptables formalisent la situation financière de l'université :

Ces documents, particulièrement depuis la certification des comptes, doivent répondre à des exigences de qualité et de transparence accrues.

6.3 Contrôle des comptes

Le contrôle des comptes des universités s'exerce à plusieurs niveaux :

Ces différents niveaux de contrôle constituent des garanties importantes pour la qualité et la fiabilité de l'information financière produite par les universités.

VII. Spécificités de la gestion financière universitaire

7.1 Gestion par composantes

La gestion financière d'une université tient compte de son organisation interne en composantes :

Cette organisation décentralisée, qui respecte la tradition d'autonomie des composantes universitaires, doit néanmoins s'articuler avec les contraintes budgétaires globales de l'établissement et la nécessité d'une stratégie commune.

7.2 Pluriannualité

La gestion financière des universités comporte une dimension pluriannuelle importante :

La gestion pluriannuelle est essentielle pour assurer la soutenabilité financière à moyen terme, en intégrant les conséquences futures des décisions prises aujourd'hui.

7.3 Outils informatiques

La gestion financière s'appuie sur des outils informatiques spécifiques :

Ces outils informatiques, en constante évolution, constituent un levier important de modernisation de la gestion financière universitaire, même s'ils requièrent un investissement significatif en formation et en accompagnement des utilisateurs.

VIII. Enjeux actuels

Les universités françaises font face à plusieurs enjeux financiers majeurs :

Ces enjeux s'inscrivent dans un contexte de compétition internationale croissante et de contraintes budgétaires fortes, qui imposent aux universités de concilier excellence académique et efficience de la gestion.

FAQ - Foire Aux Questions

Qu'est-ce que la GBCP ?

La GBCP (Gestion Budgétaire et Comptable Publique) est un décret de 2012 qui a réformé le cadre budgétaire et comptable des organismes publics. Pour les universités, cette réforme a introduit la comptabilité budgétaire en AE/CP et renforcé la dimension pluriannuelle du budget.

Quelle est la différence entre l'ordonnateur et le comptable ?

L'ordonnateur (le Président de l'université) décide des dépenses et des recettes, tandis que le comptable (l'Agent Comptable) est chargé de leur exécution. Cette séparation constitue une garantie fondamentale de la gestion publique.

Comment s'élabore le budget d'une université ?

Le budget est élaboré via un processus itératif : cadrage budgétaire par la gouvernance, dialogue de gestion avec les composantes, préparation technique par la DAF, avis des instances consultatives, vote par le Conseil d'Administration, et approbation par le Recteur d'académie.

Qu'est-ce que la certification des comptes ?

C'est un processus d'audit externe des comptes par un commissaire aux comptes qui vérifie que les états financiers donnent une image fidèle de la situation financière de l'université et ne comportent pas d'anomalies significatives.

Qu'est-ce qu'une ressource fléchée ?

Une ressource fléchée correspond à un financement affecté à une destination précise, dont l'emploi est soumis à conditions (contrats de recherche, taxe d'apprentissage, etc.). Son suivi est spécifique dans le budget.

Qu'est-ce que le compte financier ?

C'est le document qui retrace l'exécution budgétaire et présente les états financiers de l'université à la fin de l'exercice. Il est préparé par l'Agent Comptable, présenté par le Président et voté par le CA avant le 30 avril de l'année suivante.

Qu'est-ce que la capacité d'autofinancement (CAF) ?

La CAF représente les ressources financières générées par l'activité de l'université et disponibles pour financer ses investissements. Elle est calculée à partir du résultat de l'exercice, augmenté des charges non décaissables et diminué des produits non encaissables.

Quels sont les principaux indicateurs financiers à surveiller ?